I. La musique en filigrane dans le texte : la sonorité interne de la littérature

La musique à l’écoute du texte : dialogues musico-littéraires aux XIXe et XXe siècles

DOI : 10.17457/RIL/15_2021.BEN

Ichrak Ben Hammouda (Université Sorbonne Nouvelle –􏰐 Université de la Manouba)

La musique à l’écoute du texte : dialogues musico-littéraires aux XIXe et XXe siècles

FR La musique a souvent été considérée comme une référence esthétique pour les autres arts. C’est dans cette perspective qu’abondent des récits qu’on pourrait qualifier de “musicaux” puisqu’ils puisent dans un fond sonore. Cette référentialité musicale du texte prend des formes diverses qui vont de la thématisation au travail de structuration musicale de l’écriture. En se basant sur deux textes du XIXe siècle et deux textes du XXe siècle, allant d’Honoré de Balzac à Nancy Huston, il s’agit de donner des exemples concrets du traitement du musical par le verbal. Cela permet de rendre compte de la mise en place d’une esthétique comparée qui puise dans les deux disciplines à la fois – forme de résistance à l’horreur de l’ineffable face à la musique – mais cela rend également compte d’un chamboulement dans la hiérarchie musico-littéraire où c’est désormais la musique qui se met à l’écoute du texte et de l’être qui se trouve à son origine.

Mots-clés : musique, littérature, récit, variation, dialogue.

EN Music has often been regarded as an aesthetic benchmark for other arts. However, there have been countless novels labeled as “musical” since they draw on a background sound. Musical references in texts can take various forms, ranging from thematization to the musical structuring of writing. Based on two texts from the 19th century and two texts from the 20th century, from Honoré de Balzac to Nancy Huston, this article aims at giving concrete examples of how verbal matter can be treated musically. This makes it possible to account for the establishment of a comparative aesthetic that draws from both disciplines at the same time – a form of resistance to the horror found in the ineffable side of music – but it also reflects an upheaval in the musico-literary hierarchy where it is now music that listens to the text and the subject that is at its origin.

Keywords : music, literature, story, variation, dialogue.

Poésie “dissonante” : expérience des premières avant-gardes

DOI : 10.17457/RIL/15_2021.PSH

Mariia Pshenichnikova (Sorbonne Université) 

Poésie “dissonante” : expérience des premières avant-gardes

FR Le terme de “dissonance” appartient initialement à la musique et évoque une combinaison de sons désagréables et dérangeants pour l’ouïe humaine, mais au début du XXe siècle cette notion a été reprise par certains poètes et peintres. Chez les artistes russes, italiens et français l’on constate une exigence de disharmonie. Ces termes quittent leur connotation musicale et migrent vers d’autres domaines artistiques. Dans mon article, j’interroge la notion de dissonance et j’analyse ses réalisations dans des œuvres poétiques. Qu’est-ce une dissonance textuelle ? Qu’est-ce une disharmonie visuelle ? Quel est le rôle de la musique du début du siècle dans ces liens entre les arts ?

Mots-clés : dissonance, avant-garde, futurisme, intermédialité, collage, poésie.

EN The term “dissonance” originally belongs to music and represents a combination of sounds, which are unpleasant and disturbing to human hearing. Nevertheless, at the beginning of the 20th century, this notion was taken up by some poets and painters. In Russian, Italian and French art, we feel some need for disharmony : dissonance abandons its exclusive musical connotation, overlapping to other artistic fields. In my article, I question the notion of dissonance and analyse its achievements in poetic works. What is textual dissonance? What is visual disharmony? What is the role of the music of the turn of the century and his links with others arts?

Keywords : dissonance, avant-garde, futurism, intermediality, collage, poetry.

 

L’albume e il carbonio : Robert Schumann, poeta dello straniamento

DOI : 10.17457/RIL/15_2021.FER

Nicola Ferrari (Università di Genova) 

L’albume e il carbonio : Robert Schumann, poeta dello straniamento

FR En composant Auf einer Burg en tant que centre structurel de son cycle de Lieder, op. 39, Robert Schumann a remis en question, dans ses limites extrêmes, le sens d’une exploration musicale non symétrique du poème d’Eichendorff. Schumann a adopté une complexe stratégie d’éloignement du texte, anticipant la théorie provocatrice sur la relation entre les mots et la musique énoncée par Schönberg en 1912, qui a fondé nombreuses des pratiques ultérieures de lecture de la musique e de recréation du discours poétique, de Berio jusqu’à Nono.

Mots-clés : tonalité, Lied, cycle, structure et sémantique musicale, éloignement.

EN Composing Auf einer Burg as the structural center of his Lieder cycle, op. 39, Robert Schumann questiones in its extreme limits, the sense of a non-mirroring musical exploration of the Eichendorff’s poem. Schumann adopts a complex strategy of estrangement of the text, anticipating the provocative theory about the relationship between words and music, enunciated by Schönberg in 1912, founding many of the subsequent practices of musical reading and recreation of the poetic discourse, from Berio to Nono.

Keywords : tonality, Lied, cycle, music semantics, estrangement.