Le mythe est le récit d’une histoire sacrée ayant eu lieu dans le temps primordial des commencements. Le premier et plus noble vêtement qu’il a porté au cours des siècles a été celui de l’épopée. Au moyen du récit des gestes des dieux et des héros, ce genre littéraire a joué un rôle capital dans le processus de construction de l’identité des peuples. Car, il a permis à l’Europe tour à tour de définir sa propre axiologie, de mener des débats à la fois linguistiques et politiques et même d’explorer les questions liées à l’altérité culturelle et de genre. Ce dossier monographique s’interroge sur la relation entre épopée et identité dans les littératures européennes. Il héberge des contributions questionnant le rapport entre tradition et innovation dans la construction de nouvelles épopées ; le processus de circulation des classiques épiques au moyen des exégèses et des traductions ; la réécriture des poèmes épiques et leur adaptation à d’autres genres littéraires.
Myth is the telling of a sacred story which took place in the primordial time of beginnings. The first and noblest guise it has assumed over the centuries has been that of the epic. By recounting the deeds of gods and heroes, this literary genre has had a significant impact on the construction process of peoples’ identities. In fact, it has enabled Europe to define its own axiology, to conduct both linguistic and political debates, and even to explore issues relating to cultural and gender otherness. This monographic journal issue examines the relationship between epic and identity in European literatures. It includes contributions questioning the relationship between tradition and innovation in the construction of new epics ; the process of circulation of major epics through exegesis and translations ; and the rewriting of epic poems and their adaptation to other literary genres.
Les textes ici présentés gravitent autour d’une thématique commune, qu’ils explorent sans avoir pour autant l’ambition de l’épuiser : la production littéraire francophone en Belgique envisagée sous l’angle des phénomènes d’autotraduction, traduction, bilinguisme et plurilinguisme, une ampleur de perspectives qui n’a rien de surprenant si l’on considère la nature multilingue et multiculturelle de ce pays. Toutes ces contributions incitent, implicitement ou explicitement, à se poser la question du lectorat d’arrivée envisagé pour des textes qui comportent des questionnements ouverts sur l’appartenance et l’identité.
The texts presented here concern a common theme, which they explore without having the ambition of exhausting it: the French-speaking literary production in Belgium considered from the angle of the phenomena of self-translation, translation, bilingualism and plurilingualism, a breadth of perspectives that is not surprising if one considers the multilingual and multicultural nature of this country. All these contributions present, implicitly or explicitly, the question of the intended target readership for texts that involve open issues of belonging and identity.
Au fil des années les rapports entre musique et littérature ont été mis en cause, dépassés et traversés en plusieurs directions. Cela témoigne d’un perpétuel échange entre les deux domaines, caractérisé par une réciprocité productrice de sens. C’est ce rapport inter artes le point de départ du numéro 15 de RILUNE – Revue des littératures européennes, qui se propose d’enquêter les relations entre littérature et musique dans les littératures européennes selon une approche comparée et interdisciplinaire, caractérisée par plusieurs points d’observation et visant à s’inscrire dans le vif débat contemporain. Notre intérêt se porte sur les différentes possibilités d’analyse offertes par la comparaison et par le mélange entre la littérature et la musique. Les contributions de ce volume s’organisent autour de trois volets : (I) La musique en filigrane dans le texte : la sonorité interne de la littérature ; (II) La musique (d)écrite : thématisassions musicales en littérature ; (III) Nouvelles frontières de la transmédialité et de l’acoustique littéraire.
Over the years the relationship between literature and music has been questioned, exceeded and crossed in different directions. This phenomenon demonstrates a continuous exchange between the two fields, characterized by a reciprocity which generates meaning. This inter artes exchange is the starting point of the present issue of RILUNE – Review of European Literatures, which aims to investigate the relationship between literature and music in European literatures, from a comparative and interdisciplinary approach, aiming to contribute to the contemporary cultural debate on the topic. We are interested in the different possibilities of analysis which the comparison and the combination of literature and music offer. The contributions in this volume are organised in three parts : (I) Music in the text : the inner sound of literature ; (II) Music written and described : musical thematisation in literature ; (III) New frontiers of transmediality and literary acoustics.
Du début du XIXe siècle à la contemporanéité, l’histoire du roman policier se marque par un mouvement centrifuge par rapport à l’Europe. Développé d’abord sur les deux côtés de l’Atlantique, le detective novel constitue aujourd’hui un phénomène de portée mondiale. Il parait donc stérile de revendiquer l’Europe comme un paradigme exclusif dans la formation du genre. D’autre part, cela n’empêche que la dimension européenne constitue un horizon de rédaction et de lecture particulier du roman policier, un bassin d’auteurs et de lecteurs dont les spécificités sont directement liées aux pratiques de production et de réception du genre. En suspension constante entre une identité culturelle forte et sa capacité de circulation au de-là de toutes frontières nationales, le detective novel constitue une métonymie des littératures européennes . Si le roman policier est un miroir des cultures nationales, d’autre part l’universalité du paradigme de l’enquête en permet la fruition par une catégorie particulière de l’Autre : un Autre proche, directement concerné par l’enquête puisqu’inséré dans un cadre de continuité politique, historique et culturelle. Bien qu’il soit impossible d’identifier un roman policier “européen” proprement dit, on peut revendiquer l’Europe comme une communauté spécifique d’auteurs et de lecteurs policiers.
From the beginning of the XIXth century to the contemporaneity, the history of detective novel is marked by a centrifugal motion from Europe. Originally developed on the two sides of the Atlantic Ocean, the detective novel represents nowadays a global phenomenon. Thus, it would be fruitless to consider Europe as an exclusive paradigm in the establishment or in the development of the genre. On the other hand, that does not preclude to think of Europe as a peculiar horizon of writing and reading practices for the detective novel, whose specificities are directly related to the ways the genre is produced and perceived. Constantly hanging between a strong cultural identity and its capacity of circulation across all national boundaries, the detective novel constitutes a metonymy for European literatures as a community of authors and readers. Although the detective novel represents a mirror for national cultures, the universality of the detection paradigm allows its fruition to a particular category of Otherness: a close Other, directly concerned by the revealed mystery as belonging to a context of political, historical and cultural continuity. Although it is impossible to define a “European detective novel”, Europe can be claimed as a specific community of detective literature writers and readers.
La figure d’Éros est présente dans la pensée occidentale de l’Antiquité à nos jours. Le « daemon » de Platon, tel qu’il nous est présenté dans le Banquet (et plus tard dans le Phèdre) par les divers convives, pont vers le divin, voie vers la Vérité, ne cessera de refaire surface au long des siècles, changeant cependant de formes et, sur- tout, pouvant être connoté de manière positive ou négative selon les différentes époques et les différentes cultures. Cette vivacité est aisément compréhensible, car qui parle de l’éros parle de l’amour: filia, agape, amore, ou encore love ou Liebe, peu im- porte de quelle façon nous entendons ce mot, nous nous retrouvons toujours à parler de notre désir, de nos pulsions, de notre intimité, arguments problématiques et cen- traux du système de pensée occidental qui connaîtront force représentations dans les diverses formes d’art et, bien entendu, dans la littérature. D’un point de vue littéraire -comparatiste, le numéro 13 de RILUNE se propose d’enquêter sur les différentes représentations de l’éros, entendu comme désir (également dans sa connotation char- nelle) ou tension, qui abondent depuis des siècles dans les littératures européennes.
Eros, as a character and as a concept, has been an essential part of Western culture since ancient times. Plato’s “daemon”, introduced in the Symposium and in the Phaedrus as a way to the Truth and the Divine, has never ceased to reappear in different forms throughout the ages, and to acquire either positive or negative mean- ings over time and across cultures. Its vitality can be accounted for easily, in that whoever talks about Eros talks about love. Indeed, whatever the word we use to de- note it – philia, agape, amour, amore, Liebe –, we are commonly referring to our de- sires, our impulses, our intimacy, which are aspects that have always been central and problematic in Western society, and which have inspired the works of countless artists and authors. Number 13 of RILUNE aims at investigating the many repre- sentations of Eros – Eros as (erotic) desire and/or as a powerful force – abounding in the literatures of Europe throughout history.
Introduction
Table de matières
Articles
De l’Antiquité à l’âge contemporain, le rêve n’a cessé de fasciner les narrateurs, les poètes et les dramaturges. Jouant tour à tour le rôle d’artifice narratif, récit-cadre ou simple exercice de style, le rêve se révèle ainsi un thème ubiquitaire dans l’univers littéraire, omniprésent et infiniment variable tant dans l’axe de la diachronie que dans celui de la synchronie. À ce polymorphisme formel et à cette variabilité historique se joint d’ailleurs une résistance extrême aux définitions figées et aux interprétations univoques et monovalentes ; le rêve – et le rêve en tant qu’objet littéraire en particulier – s’inscrit ainsi dans un espace foncièrement pluriel, de sorte qu’il ne saurait se soustraire à une considération dialogique et comparative de ses formes et de ses variations. Le numéro 12 de RILUNE, Revue des Littératures Européennes se propose d’interroger le thème onirique selon une approche ouverte, comparée, à points de vue multiples. Notre intérêt se porte sur les différentes « écritures » que le topos onirique a connu au fil des siècles, dans toutes les catégories du langage littéraire (de la poésie lyrique au roman autofictionnel, du journal intime au récit fantastique) et dans les idiolectes de différents auteurs. Les contributions de ce volume s’organisent autour de trois volets : (I) Panoramas. Onirisme et imaginaire : théories, thèmes et motifs ; (II) Polyptiques. Onirisme et traditions : correspondances, synchronies, réinventions ; (III) Portraits. Onirisme et écritures : formes, images, styles.
Dreams have continued to capture and fascinate writers, poets and dramaturges over the centuries and have inspired countless reinterpretations and rewritings. Playing alternately the role of narrative artifice, frame tale or mere exercise in style, the oneiric theme is remarkably pervasive and persistent in the literary world, changing both diachronically in its evolution and synchronically in its forms. But the study of literary dreams should not be confined to its variation in time and space: its resistance to interpretations and its inability to be neatly categorized or defined should be also addressed and considered as important points of departure for the consideration of this literary and “existential” theme. Dreams—and Literary Dreams in particular—are located entirely within a plural, multidimensional space and they should therefore be interpreted in an open, dialogic manner. The present issue of RILUNE, Review of European Literature, aims to investigate the subject of dream from multiple points of view, adopting an “open”, comparative approach. We are interested in the “variations” through which the topos of dream has been adapted over the centuries to different literary genres (from lyric poetry to autofiction, from memoirs to fantastic short stories) and different writing’s styles. The contributions are structured into three sections: (I) Panoramas. Onirisme et imaginaire : théories, thèmes et motifs ; (II) Polyptiques. Onirisme et traditions : correspondances, synchronies, réinventions ; (III) Portraits. Onirisme et écritures : formes, images, styles.
Au fil des années les frontières entre science et fiction ont été mises en cause, dépassées et traversées en plusieurs directions. Cela témoigne d’un perpétuel échange entre les deux domaines, caractérisé par une réciprocité productrice de sens. C’est cet échange qui est le point de départ du numéro 11 de RILUNE – Revue des littératures européennes, qui se propose d’enquêter sur les entrelacements entre la science et la fiction dans les littératures européennes, en visant à s’insérer dans le vif débat actuel, en le traversant par des approches comparatistes et interdisciplinaires. Notre intérêt se porte sur les différentes formes de fiction littéraire, tant narratives que dramatiques, du Moyen-âge à nos jours. Les contributions de ce volume s’organisent selon trois directions complémentaires : (I) La littérature face aux mutations des savoirs ; (II) L’homme, les sciences et la société ; (III) L’imaginaire scientifique sous la loupe de la fiction.
Over the years the boundaries between science and fiction have been questioned, exceeded and crossed in several directions, a phenomenon that demonstrates a lively exchange between the two fields, characterized by a reciprocity which generates meaning. This exchange is the starting point of the present issue of RILUNE - Review of European Literatures, which aims to investigate the relationship between science and fiction in European literatures, aiming to contribute to a lively and topical debate, through comparative and interdisciplinary approaches. We are interested is in the different forms of literary fiction, both narrative and dramatic, from the Middle Ages to the present day. The contributions will be structured into three parts: (I) La littérature face aux mutations des savoirs ; (II) L’homme, les sciences et la société ; (III) L’imaginaire scientifique sous la loupe de la fiction.
Depuis toujours, en tant qu’événement historique, la guerre a été accompagnée par une description impliquant une perspective rhétorique : il peut s’agir ainsi d’un discours épidictique (célébration ou exécration), mais aussi d’un discours judiciaire qui s’interroge sur les causes qui l’ont provoquée et sur la manière dont elle s’est déroulée. De là découle la très grande variété de formes et de genres que les différentes époques ont choisi pour en parler : oratoire, traités d’art militaire, journaux de guerre, proclamations et invectives contre l’ennemi, invitations à la paix. Malgré les différences entre les pays, qui déclinent cette thématique en tenant compte de leurs propres coutumes et traditions nationales, il est toutefois possible de retrouver, au niveau européen, des aspects communs et partagés. Ce numéro de RILUNE accueillera donc de multiples voix qui, par leur diversité d’approches, aborderont la question de la guerre sous divers angles. Les contributions s’organisent autour de trois axes thématiques – Ars bellica : la culture militaire dans la tradition occidentale (I) ; Vivre la guerre : témoignages et réélaborations (II) ; Dire presque la même guerre (III). Une partie du présent numéro sera dédiée en outre à des comptes rendus de livres récemment publiés.
War as a historical event has always been accompanied by a description implying a rhetorical perspective: sometimes it took the form of an epideictic discourse (celebration or execration), or that of a judicial one questioning the reasons that caused it and the way it was waged. This accounts for the vast variety of forms and genres chosen in time to speak of it: oratory, military treaties, war diaries, proclamations, invectives against the enemy or invitations to peace. Despite the differences between the countries dealing with the issue of war, considering their own customs and national traditions, it is still possible to find common aspects at a European level. The present issue of RILUNE will foster multiple voices and approaches dealing with the subject of war, looking at it from various angles. The contributions will be structured into three thematic areas – Ars bellica : la culture militaire dans la tradition occidentale (I); Vivre la guerre : témoignages et réélaborations (II); Dire presque la même guerre (III). Furthermore, a part of this issue will be dedicated to the reviews of recently published books.
L’Orient joue un rôle fondamental dans le processus de construction de l’identité européenne dès l’aube de sa civilisation. Concept flou du point de vue géographique, il est à concevoir comme une catégorie mentale, un miroir par lequel l’Europe construit une image de soi et de l’Autre. À partir de la parution de l’essai très controversé d’Edward Saïd (Orientalisme, 1978), le discours académique sur la représentation de l’Orient s’est déplacé du plan purement littéraire au plan sociopolitique, en devenant un des domaines privilégiés des Postcolonial Studies. Ce numéro de RILUNE propose un regard sur les visions de l’Orient qui ne se borne pas à ses implications coloniales, mais qui concerne tous les niveaux de l’expression artistique et littéraire. Les contributions s’organisent autour de trois axes thématiques: Orient et orientalisme (I), l’Orient en tant qu’image (II), l’Orient en tant que motif de fusion (III).